Tu es là au bord de la plage à contempler le soleil se lever. Tu as beau l'avoir vue chaque matin depuis le premier jour, tu restes émerveillé.
Pourtant il n'y a ni suspense, ni feu d'artifice, seule une lumière chaleureuse qui s'étend à perte de vue. Les rayons du soleil recouvrant l'océan de reflets mordorés.
Tu l'as déjà vu des milliers de fois, il n'y a aucune surprise pour toi, et pourtant ton cœur d'enfant chantant, fredonne amoureusement le retour de l'astre solaire chaque jour de l'année.
C'est cela "l'émerveillement", et c'est une qualité innée.
Pourquoi les boutchous touchent à tout ? Parce que chaque jour le rouleau à pâtisserie, les chaussures de Papa, les moustaches du chat, sont autant de choses à redécouvrir d'un point de vue différent.
L'émerveillement est un état d'Être. Perdre cet émerveillement c'est avoir mis notre cœur d'enfant loin derrière les barrières de nos conditionnements.
"Ô une petite fleur" sur le bord de la route. Est-ce nié ? Ou est-ce la puissance créatrice qui se contemple elle-même dans un élan sponta-NÉ ?
"Ô toi que je connais depuis la nuit des temps, laisse-moi te contempler encore quelques instants." Tes petites manies, tes tics de langage, toutes ces petites choses qui font que je te reconnaîtrais entre mille.
Ton fameux grain de beauté juste à côté du nez, ta barbe qui a blanchi, tes cheveux dorés ondulants qui dansent au gré du vent.
J'aime tout de Toi, parce que c'est Toi. Parce que tu es à jamais 'Autre', et pourtant tu es moi. Quelle douce miroiterie qui te sépare de moi, autant que ça t'unit.
Et voilà que les cloches de l'église sonnent comme à chaque heure. Poésie de ses petits villages de montagne, où les cloches des troupeaux se confondent avec les clochers.
Le temps m'appartient, car il s'est arrêté en chemin. Mon regard s'est posé au loin sur un sommet, et depuis il n'en a plus bougé.
Tel un condor majestueux, il a déposé ses ailes avant de s'envoler. L'astre solaire lui a continué sa danse dans le ciel coloré de pourpre à présent.
Une journée est passée, déjà. De la mer aux sommets, union des opposés, le temps s'est volatilisé.
Et pourtant je sais que demain matin, je me lèverai encore pour honorer et voir réapparaître le Dieu Soleil.
Le cœur de notre galaxie qui réchauffe nos cœurs et épouse nos regards, pour que nous n'oublions jamais le feu sacré qui donne la Vie.
Audrey Lutz, autrice et conférencière, initiatrice des cercles d'écriture Les Plumes d'Or et de la méthode Le Corps qui Écrit.