Les dernières secondes se sont égrenées. 2024 s'est écoulé. Il semblerait qu'un nouveau tour du soleil ait démarré.
Pourtant d'un maintenant à l'autre, je n'ai rien vu bouger. L'avez-vous vu vous le temps passer ? Le saut d'une année à l'autre ?
Personnellement, je n'ai rien vu. Du coup, je suis un peu déçue. Moi qui pensais m'être éveillée, j'ai dû me rendormir...
À moins que le réel n'ait pris trop de place dans mon univers, et que mon attention se soit détournée de l'horloge de manière inopinée.
La prochaine fois c'est sûr, je prendrai un sablier pour ne pas louper le passage à la nouvelle année.
Mais une fois le sable écoulé, est-ce que le temps s'arrête ? Faut-il le relancer régulièrement pour donner corps au temps et continuer de l'observer ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Est-ce si dérangeant de ne vivre que maintenant ?
Je reconnais que ma réalité s'est simplifiée, depuis que mon attention s'est arrêtée de naviguer.
Peut-être qu'elle est là la leçon du sablier ? Laisser le sable s'écouler, jusqu'à ce qu'il n'indique que le présent.
Ainsi, nous pouvons nous allonger dedans et vivre un repos bien mérité, après avoir tant couru à la recherche du temps perdu.
Et puisque le présent est là tout le temps, nous pouvons sans cesse le réinventer. Nous pouvons jouer à l'illusion d'une année qui s'écoule, à sabrer le champagne, à rires aux éclats, et même à s'embrasser sous Guy puisque c'est la tradition.
Pauvre Guy, je me demande depuis combien de générations on l'accroche au plafond. (Rires.)
Et puis il faut faire attention, car on ne s'embrasse dessous que lorsque deux aiguilles d'un commun accord s'arrêtent sur le 12.
Je pensais avoir déjà vu cela hier ?... Peut-être n'était-ce qu'une illusion ?...
Heureusement le présent lui, nous attend toujours ici comme un ami fidèle. Dans le silence il célèbre avec nous, le temps simplement que nous nous déposions à nouveau.
Mais alors, que célébrons-nous ? Deux instants présents apparemment différents ? Encore une fois, je n'ai rien vu de tel. Pourtant j'étais très attentive quand les cris ont jailli en se souhaitant la bonne année.
Mais rien. Absolument rien.
Au matin, le jour s'est levé comme la nuit dernière. J'ai pris ma douche à peu près de la même manière. Même l'odeur du café semblait assez similaire.
Je m'en veux un peu. J'ai le sentiment d'avoir loupé quelque chose. Les autres avaient l'air tellement heureux.
Mais je préfère ne pas me tracasser, car on m'a dit ce matin que c'était le temps des bonnes résolutions.
Alors si je n'en ai qu'une à faire, ce sera d'être plus concentrée l'année prochaine. Et si je ne sais pas tout à fait quand ce sera... je fais confiance aux cris de joie !
(Rires.)
Joyeux maintenant ! Et qu'il glisse d'un instant à l'autre, tout au long de cette nouvelle année solaire 2025.
Audrey Lutz, autrice et conférencière, initiatrice des cercles d'écriture Les Plumes d'Or et de la méthode Le Corps qui Écrit.