Et puis un jour le temps s'arrête. Tout est là dans la perfection de l'instant. La complétude se ressent.
Tout semble à sa juste place. Il n'y a plus ni de bien, ni de mal. Il n'y a plus de projet. Il y a juste un instant qui semble s'éterniser.
Et voilà que le corps entier jubile d'être ici. ENFIN. Sans attente, sans désir, d'être "ailleurs". Juste ici.
Pourquoi tant de détours ? Pourquoi tant de résistances ? Parce que c'est le jeu de la Vie, de l'expérimentation, de l'initiation.
GRANDIR, GUERIR, PANSER, PENSER, ainsi soit-il. Plus de fuite, juste une réalité à rencontrer. Ici, toujours ici.
En laissant à chacun le soin d'expérimenter son propre chemin, et ne pas s'en mêler. Juste offrir gracieusement sa Présence, et laisser la danse de la Vie nous mouvoir.
Être simplement ici, avec Soi, avec l'Autre. Cet Autre que JE SUIS, dans ce qui jaillit, fleurit, sourit.
TOUT EST REPARE, PUISQU'IL N'Y A PLUS RIEN A GUERIR.
C'est le grand retour à la maison, dans ce corps, dans cette forme, prêtée le temps d'un passage sur Terre.
Il ne reste plus qu'à explorer, à expérimenter, tel un laborantin, une laborantine curieuse.
TOUT EST A DECOUVRIR, PUISQUE PLUS RIEN N'EST REJETE.
Le quotidien banal devient terreau fertile de l'extraordinaire. Un ordinaire "extra" dans tout ce qui le colore, l'habille, le sublime.
Une tasse de café qui fume, la buée sur la vitre, des oiseaux qui gazouillent au loin, la chaleur contenante d'une main sur l'épaule.
Puis un sourire qui s'esquisse, une langueur que l'on ne retient plus, tout est à sa juste place. ENFIN.
Lutte sans intérêt, perte d'énergie inutile, tout ça c'est du passé. La réalité est ici. Et le regard peut à nouveau s'ouvrir sur un univers miroitant le Soi à perte de vue.
C'est la fin de la complainte, du passé que l'on ramène sans cesse à la table du présent. Le Silence s'installe.
Ce Silence qui émane d'une personne âgée, un chat sur les genoux, vous regardant amusé dans le marasme de votre humanité.
Ce Silence sage, qui sait que les expériences font partie du jeu, et que plus la fin de la partie se rapproche, moins on s'entortille pour des broutilles.
Les saisons ont passées, inlassablement, sans que l'on puisse les retenir. Laissant place à de nouvelles couleurs, de nouvelles formes. Ni mieux, ni moins bien, juste une ambiance et des décors différents.
Les rencontres ont le goût du souvenir, les nouveaux regards celui de la complicité. Un l'air de rien qui dit "je me VOIS en toi", "je SAIS qui tu ES."
La Vie paraît si simple.
Mais où étais-je durant ces jours de grand vent ? Ballotée entre passé, futur, présent. Où étais-je si ce n'est dans les arabesques infinies d'un imaginaire sans limite ?
Embourbée dans du sucre glace au parfum de Barbe à papa, sans savoir comment m'en dépêtrer.
Il n'aura donc fallu que d'une éclaircie, d'une percée de lumière, pour que l'évidence jaillisse de ce MAINTENANT toujours existant.
Comme cette Terre sous nos pieds, que l'on foule à longueur de journée, et à laquelle on ne pense plus.
Cette planète bleue qui danse autour d'un Soleil, nous entraînant dans sa danse chaque jour, sans que nous n'en conscientisions la magie.
La magie de milliards de planètes et d'étoiles qui s'ordonnancent dans un vaste univers, qui dansent la Carioca, le Tango, la Salsa.
Etrange paradoxe d'une immobilité apparente qui ne fait que danser, et qui nous invite à prendre soin de MAINTENANT avant qu'il n'appartienne au passé.
Pour toute cette magie, MERCI LA VIE.
Audrey Lutz, autrice et conférencière, initiatrice des cercles d'écriture Les Plumes d'Or et de la méthode Le Corps qui Écrit.